SUISSE : À la découverte de Daniela Brito Melo, doctorante à L’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne
Jeune femme afro-descendante et passionnée de recherche, Daniela est une jeune chercheuse et est inscrite dans un programme doctoral à l’EPFL. C’est avec curiosité que nous sommes allés à sa rencontre.
« La vie à l’étranger et, parfois, loin de la famille n’est pas toujours facile mais l’échange culturel est très riche »
Bonjour Daniela et bienvenue sur cette plateforme d’échange et de communication qu’est Afrique Opinion. Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
Bonjour et merci à l’Afrique Opinion pour cette opportunité. J’ai 30 ans et je suis d’origine cap-verdienne. Je suis née au Portugal et j’ai grandi essentiellement à Lisbonne. La majorité de ma famille habite au Cap-Vert où j’ai passé toutes mes vacances. Ceux-ci me manquent énormément comme vous pouvez l’imaginer.
Je m’intéresse à la protection de l’environnement depuis que je suis petite et à l’école j’ai beaucoup aimé les mathématiques. À l’âge de 18 ans j’ai décidé d’étudier l’ingénierie mécanique car j’étais motivée à comprendre le fonctionnement des machines, en particulier des turbines éoliennes. Après mon Master, je suis restée un an et demi à Lisbonne comme assistante scientifique. J’ai pu approfondir mes connaissances liées à l’aérodynamique des éoliennes. J’ai beaucoup apprécié le travail de recherche lié à ce sujet. Néanmoins, après cette première expérience comme chercheuse, j’ai voulu étudier l’environnement d’une manière plus directe. À cette époque j’avais envie d’orienter mon attention vers la propagation de polluants dans l’atmosphère ou vers l’érosion du littoral. Cependant, presque par hasard, j’ai découvert le Laboratoire des Sciences Cryosphériques de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). En effet, ils étaient à la recherche d’une doctorante ou d’un doctorant pour étudier l’interaction entre le vent et la neige, principalement dans les Alpes et en Antarctique – la combinaison parfaite entre l’aérodynamique et l’environnement. J’ai postulé et j’ai commencé mon doctorat en 2018 à Lausanne.
Vous êtes effectivement inscrite à un programme de doctorat en mécanique à l´EPFL. En quoi consiste ce programme exactement ?
Les programmes doctoraux à l’EPFL ont une durée de 4 ans. Durant cette période, chaque doctorante ou doctorant se dédie à la recherche scientifique ainsi qu´à des activités d’enseignement sous la supervision d’une directrice ou d’un directeur de thèse. Le programme en mécanique, particulièrement, a quatre domaines de recherche: la mécanique du solide, la géomécanique, la mécanique des fluides et la biomécanique. Ceux-ci comprennent divers sujets comme, par exemple, la fracture de structures mécaniques, la déformation des roches, la turbulence atmosphérique et le comportement mécanique de notre propre cœur. Le travail de recherche se compose d’études théoriques, de simulations numériques et/ou d’expériences en laboratoire ou sur le terrain. À la fin, le travail de recherche développé doit être décrit dans un document final: la thèse de Doctorat.
Daniela Brito Melo (Droits photos réservés)
Vous êtes Portugaise et Cap-verdienne et vous êtes née au Portugal où vous avez eu votre Bachelor et Master en Engineering. Pouvez-vous expliquer à nos lectrices et lecteurs votre intégration dans la vie estudiantine en Suisse car j’ose croire que cela n’a pas été facile compte-tenu de votre langue maternelle qui est le portugais ?
L’intégration dans la vie estudiantine en Suisse a été très positive. L’EPFL est une université très internationale où tout le monde parle l’anglais. Dans mon laboratoire il y a juste trois francophones donc je parle principalement l’anglais. Cependant, cela n’est pas le cas en dehors du campus de l’EPFL. Quand je suis arrivée je ne parlais pas français. De ce fait, les procédures administratives ont été compliquées. Heureusement j’ai toujours pu trouver quelqu’un qui parlait portugais et qui était prêt à m’aider. J’ai suivi des cours de français à l’EPFL et en ligne, ce qui m’a beaucoup aidé.
Pouvez-vous nous dire ce qui vous a le plus touché ou marqué depuis que vous vivez ici en Suisse et nous parler de vos relations avec vos collègues ?
Je suis vraiment inspirée par les personnes que j’ai pu trouver, chacune avec un parcours de vie différent. À l’inverse du Portugal ou du Cap-Vert, j’ai l’impression qu’en Suisse les gens n’ont pas forcément besoin de faire une formation universitaire pour garantir un bon niveau de vie. Je crois que cela leur permet de choisir un chemin professionnel passionnant et ainsi de contribuer à la société d’une façon plus naturelle.
L’amitié avec mes collègues est la meilleure partie du doctorat. Bien évidemment, les activités sociales se sont beaucoup réduites avec le Covid 19, mais nous avons toujours gardé un bon esprit de groupe. Être avec eux est une manière de voyager à travers le monde car j’apprends toujours des choses sur la vie et la culture des différents pays.
Daniela Brito Melo (Droits photos réservés)
Que faites-vous quand vous n’êtes pas à l’université ou dans vos activités de recherche ?
J’aime beaucoup la danse et les activités en plein air. Depuis que je suis arrivée, j’ai eu des cours de Modern Jazz, de ballet classique, de voile et de ski. J’aimerais également m’initier à l’escalade. J’adore aussi lire, principalement des romans – s’ils m’apprennent un peu d’histoire, tant mieux.
Auriez-vous quelque chose d´autre à partager sur cette plateforme ou bien à transmettre aux lecteurs et lectrices d´Afrique Opinion ?
Je voudrais juste remercier Afrique Opinion et souligner l’importance de ce type de plateforme d’échange. La vie à l’étranger et, parfois, loin de la famille n’est pas toujours facile mais l’échange culturel est très riche. Malgré la tendance anti-immigration actuelle en Europe, je suis convaincue que notre vie en commun est un moteur de tolérance et de compréhension.
Propos recueillis par Merlin Tchouanga