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À la découverte d’un homme aux multiples talents : Maximilien Solazzi

« …ma grande passion c´est d´entrainer des gens dans différents domaines sportifs comme la natation, l´athlétisme, le basket-ball »

Maximilien a des talents dans beaucoup de domaines de la vie. Il parle plusieurs langues, il a une culture italo-suisse, il est marié à une Camerounaise. Quel est cet homme ? Découvrons-le un peu plus dans cette interview qu´il a bien voulu donner à votre magazine.

Monsieur Solazzi, bienvenue sur cette plateforme d´échange et de communication qu´est Afrique Opinion. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes s´il vous plaît?

Bonjour, je suis Solazzi Maximilien, j´ai 47 ans, marié depuis 10 ans à une Camerounaise et je suis père de 2 enfants. Je suis binational, Italien et Suisse. Je me suis toujours occupé dans le cadre de ma vie professionnelle à développer des projets comme chef de mission ou chef de projet dans des multinationales allemandes, américaines, françaises et même italiennes.

À la base vous êtes un athlète, un entraineur…

Oui dans ma seconde vie professionnelle on va dire cela comme ça effectivement, ma grande passion c´est d´entrainer des gens dans différents domaines sportifs comme la natation, l´athlétisme, le basket-ball. Bref je suis quelqu´un de pluridisciplinaire et j´ai toujours suivi des formations ici en Suisse qui m´ont permis de pouvoir donner ces entrainements. Mon grand plaisir est surtout d´entrainer dans la catégorie des juniors. Tout ce qui est sénior, si c´est nécessaire, je le fais en remplacement mais ma grande spécialité reste tout ce qui est junior U10, U12, U14 et U16 (moins de 10 ans, moins de 12 ans, moins de 14 ans et moins de 16 ans, ndlr) en particulier.

Vous êtes par ailleurs actif au Cameroun où vous êtes Président de l´association BBC Mbalmayo, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces activités ?

Alors c´est très simple, lors d´un de mes voyages au Cameroun à Mbalmayo où mon épouse et moi sommes établis lorsque nous sommes au Cameroun, je me suis aperçu que tout ce qui était dans le domaine du football était fortement développé et tout le reste à côté, il n´y avait absolument rien. J´ai trouvé ça un peu étonnant et en accompagnant mon fils jouer au basket-ball, j´ai eu la chance de rencontrer une femme sur place qui était en train de donner des cours de basket-ball avec au moins 50 enfants et avec comme moyen rien du tout, un ballon, un terrain et un panier totalement délabré. Vu la qualité de son enseignement, je me suis approché d´elle et j´ai tout de suite vu que c´était une ancienne professionnelle. Et à force de discuter, je lui ai dit que je pouvais éventuellement l´aider à développer son activité de manière tout à fait légère. En 2015, suite au décès brutal de mon frère au Cameroun, et qui était d´ailleurs un passionné de sport, je me suis vraiment décidé à m´investir dans le développement de cette académie, ceci déjà à l´honneur de mon frère principalement. Aujourd´hui le résultat c´est qu´en 2019 on a à peu près 190 enfants dans toutes les catégories, une catégorie senior qui a également gagné le championnat de ligue 2 de la région du Centre au Cameroun. Nous avons également une association de soutien en Suisse qui est constituée à peu près d´une vingtaine de personnes et beaucoup d’équipes de première division A de basket-ball en Suisse nous soutiennent aussi avec des dons de matériels.

Comment comptez-vous développer cette initiative et quels sont vos rapports avec les habitants et les autorités de Mbalmayo qui sont sur place ?

J´ai voulu faire une structure très très légère au niveau du management vu la distance, ça veut dire que en ce moment, j´ai très peu de contact direct avec les autorités. C´est surtout la co-fondatrice de cette association Jordanne (Jordanne Bernadette Noëlle Amougou, épouse Tamo, ndlr) qui est sur place qui est confrontée à la réalité du terrain. Nous avons une réunion hebdomadaire par vidéo-conférence pour régler tous les problèmes et je n´interviens que lorsqu´il y a un problème un peu plus lourd avec les autorités. En général avec un coup de téléphone ou une visite de quelqu’un de ma belle-famille ou de mon entourage, on arrive toujours à trouver des solutions. Je suis également soutenu par des sociétés italiennes qui sont établies au Cameroun à Mbalmayo et elles, elles ont déjà des liens assez privilégiés avec les autorités. Ceci permet aussi de régler quelques soucis éventuels qui sont souvent plus des incompréhensions  que des soucis vraiment graves.

Est-ce que cela veut dire que vous n´avez particulièrement pas eu de vrais soucis avec les habitants de Mbalmayo jusqu´ici ?

Absolument pas. On est très très bien accueilli. Je pense que la preuve est que si vous confiez les enfants pour leur faire faire des entrainements de basket-ball, pour les amener à des tournois de basket-ball, cela veut dire que les parents nous font confiance. Une question est de savoir si ce club appartient vraiment aux habitants, ce n´est pas un club suisse qui fait une antenne de recrutement sur place pour lui-même, non c’est un club qui appartient aux habitants et autour duquel gravitent également un projet social de développement et c’est quelque chose de vraiment très important. Ce club ne m’appartient pas, il appartient aux habitants et tout est fait dans la structure pour qu´il soit autonome et puisse aussi tourner de lui-même au cas où je déciderais de me retirer.

Pourquoi avoir choisi de présider une telle association au Cameroun au lieu de le faire en Suisse, il  y a pourtant des jeunes ici qui ont aussi besoin de votre encadrement ?

En Suisse, les jeunes ont la chance d´avoir toutes les structures qu’ils veulent pour faire du sport, la seule décision qu’ils doivent prendre c’est, est ce que je veux faire un sport ou pas ? Au Cameroun ce n’est absolument pas le cas. Il y a un grand manque de structures, il y a des gens de bonne volonté mais il suffit juste de donner l´input pour que les choses se fassent. On n´a pas besoin de les diriger, juste de leur proposer des idées. Il y a des gens assez intelligents et bien formés pour pouvoir le faire. Ici en Suisse, c´est absolument pas comparable parce que de toute façon là par exemple pendant la semaine, tous les soirs je donne des entrainements, et le fait d´avoir une académie, le fait d’être marié à une Camerounaise et d´être trop impliqué dans la formation des juniors fait que je développe également les différents sports où je suis impliqué comme l´athlétisme en donnant des cours, en contactant des familles africaines pour les motiver à envoyer leurs enfants à faire tel ou tel sport. C´est quelque chose de très important et je trouve que dans la culture africaine en général, le sport pour les filles par exemple est totalement négligé, pas du tout mis en avant par rapport aux garçons. Alors en discutant avec les familles j’arrive à leur faire comprendre l´importance du sport pour le développement d’une jeune fille, que ce soit au niveau social ou physique, bref j’essaye de leur montrer tous les bienfaits que le sport peut offrir. Et en discutant après avec ces parents, on arrive souvent à les convaincre de les amener chez nous, à leur faire faire du sport et les parents après 6 mois ou une année sont même très étonnés de voir à quel niveau dans les classements leurs enfants arrivent. Je tiens par ailleurs à ajouter que je suis entraineur ici en Suisse d´athlétisme pour les enfants au TRT Monthey (club d´athlétisme de Monthey, ndlr) et CABV Martigny (club d’athlétisme de Martigny). Je collabore aussi au niveau de la préparation physique (groupe & individuel) au Mouvement Junior du BBC Monthey-Troistorrents ainsi qu´au Totem Sport Monthey.

Revenons donc en Suisse. Quels sont vos rapports avec la communauté africaine ici ? J´ose croire qu´elles sont bonnes ?

Oui je pense…

Avez-vous eu des déceptions, si oui lesquelles ?

Non, plus de l’étonnement. Quelques fois par rapport à l´approche de certains problèmes, mais le fait d’être biculturel, c’est-à-dire Italien et Suisse, mais là c’est beaucoup plus mon côté italien qui me permet de m’adapter très vite et de trouver des solutions par rapport à tel ou tel souci.

Je dois souligner ici que vous êtes un polyglotte, vous parlez près de 6 langues. J´ose croire que ceci vous facilite aussi la chose lors de vos échanges avec d´autres communautés dans toutes vos diverses activités…

Oui, ayant travaillé pour plusieurs multinationales justement dans des langues étrangères, mais je soulignerai que ce n´est pas seulement les langues qui sont importantes mais plutôt les gens. Quand on s´intéresse aux gens c´est-à-dire famille, ethnies, et quand on comprend le fonctionnement d´une ethnie par rapport à une autre, on laisse tomber totalement les frontières parce que ces ethnies sont souvent à cheval sur plusieurs pays.

Ainsi s’achève notre interview.  Merci Monsieur Solazzi de votre disponibilité et à très bientôt sur Afrique opinion.

Merci