Pourquoi avoir choisi le MMA (Arts Martiaux Mixe)?
J’ai d’abord fait de l’athlétisme. Depuis tout-petit, j’ai toujours rêvé des arts martiaux ou des sports de combat. J’avais jamais eu la possibilité d’en pratiquer. C’est arrivé bêtement d’un ami qui m’a emmené dans une salle de boxe et depuis ce jour, je ne l’ai pas lâché.
De l’athlétisme au MMA, c’est un sacré grand écart, n’est-ce pas?
(Rires) C’est vrai ! Ce sont deux mondes assez différents. Ça a été vraiment un hasard pour moi. C’est suite à mon déménagement à Neuchâtel, car j’ai grandi à la Chaux-de-Fonds (Canton de Neuchâtel). Cela fait 8 ans environs que j’ai fait la connaissance de ce sport. Aujourd’hui j’en ai 25.
Pourrais-je affirmer que Ange Loosa est un « dur à cuire », parce qu’il pratique le MMA?
(Rires) C’est quoi un «dur à cuire» pour vous ? Je dirais que… je suis très fort mentalement… Ce sport a contribué à beaucoup forger mon mental. C’est un sport qui est très difficile. Il faut beaucoup s’entrainer. «Dur à cuire », le terme est un peu trop fort! Si on n’a pas de mental, on ne peut pas le pratiquer. Idem pour tous les sports. La notion de « dur à cuire » me fait penser à quelqu’un qui bombe le torse… Ce n’est pas mon cas.
Vous rasez donc les murs?
(Rires) Non pas du tout! Mais il est vrai que ce sport m’a donné beau- coup plus de confiance en moi…
C’est une discipline dans laquelle on se rend coup pour coup… Etes- vous comme cela au quotidien?
C’est vrai qu’on s’expose aux coups et on en reçoit, mais le but de ce sport, c’est de toucher l’adversaire sans être touché! Donner des coups sans en recevoir! Dans ma vie, j’essaye de ne pas en recevoir. Tout le monde se bat au quotidien afin d’avoir ce qu’il veut… Ce n’est pas évident! Tout se passe dans la tête! Mentalement, il faut être fort.
Comment s’organise le rythme de votre journée ?
Je me lève à 8h le matin. Je prends le petit-déjeuner, et je vais à l’entraînement. Pour le sportif d’élite que je suis, je m’entraîne 2 fois par jour, tous les jours, sauf le dimanche car le samedi c’est une fois. De nos jours, c’est à peu près le rythme d’un sportif de haut niveau. C’est comme un travail. Comme si on allait tous les jours au bureau. Je suis professionnel depuis 6 ans.
Quel souvenir vous gardez de votre 1er combat en pro?
J’en garde un très bon souvenir car c’était ma 1ère victoire chez les professionnels. Ce fut une transition pour moi, de passer des amateurs aux pros. Les règles ne sont pas les mêmes. Pour exemple, On n’a pas le droit de frapper quelqu’un qui est au sol quand on combat chez les amateurs! De ce fait, ça devient plus difficile, mais le principe reste le même! La plus grosse transition pour moi a été de passer de la Suisse aux Etats- Unis.
Vous auriez espéré un meilleur souvenir de votre dernière confrontation…
Oui, c’était le 7 décembre 2018 à Minneapolis. J’ai perdu mon com- bat. Ce fut une grosse déception car j’avais toutes les armes en main pour pouvoir mener à bien ma lutte, mais le sort en a décidé autrement. Dommage, c’est le game (jeu)! Cela faisait 2 ans que je n’étais pas monté sur le ring, ça fait beaucoup, mais ce n’est pas une excuse! Je me suis préparé et j’étais prêt pour ce fight (combat). Ce n’est pas grave! Next (au suivant). Je suis focus (concentré) sur le suivant prévu probablement en mars. Je n’ai pas encore la date précise!
Quels objectifs pour 2019?
Je vois grand, je vise une grande organisation : l’UFC (L’Ultimate Fighting Championship)! C’est la plus grande ligue des Etats-Unis! Et je sais que je vais y parvenir! A savoir qu’il y a aussi Bellator (2ème ligue de MMA U.S). Sur le court terme, je vais combattre dans une nouvelle organisation toujours aux «States» et dans les prochaines semaines.
Vous combattez sous la bannière Suisse, est-ce un choix imposé, vous le congolais d’origine ?
(Rires) Il n’y a pas eu vraiment de choix! La question ne s’est pas posée. Je représente la Suisse ! Toutefois toute le monde le constate à travers mes posts (Instagram) que je porte le Congo dans mon coeur. Je suis né à Kinshasa et je suis venu en Suisse à l’âge de 5 ans. Mon dernier séjour remonte à 2016.
Si je vous dis « Mboté ! Malamou ? » Que me répondriez-vous ?
(Eclats de rires) Je vous réponds « salut, ça va bien!» Le Lingala (Langue du Congo, ndlr), je le comprends plus que je ne le parle. Un Lingala version suisse! (rires)
Avec du recul, quel regard portez-vous sur votre discipline en Suisse?
Chez nous en Suisse, on pratique le MMA au niveau professionnel, mais ça ne nous permet pas d’en vivre. On n ́a pas une grande visibilité et ce sport n’est pas assez reconnu pour pouvoir gagner suffisamment sans avoir à travailler à côté! Oui on peut être pro du MMA et le pratiquer en Suisse mais il est as- sez restreint et on y a vite fait le tour des plus grosses organisations.
Est-ce à dire qu’aux «States» vous gagnez bien votre vie, pour en vivre de votre métier ?
C’est un bien grand mot de le dire ! À ce jour, j’ai une meilleure exposition. Je suis suivi par de grands sponsors qui me permettent d’être un peu plus à l’aise dans ce que je fais et de pouvoir me consacrer entièrement à mon sport. Quels conseils aux jeunes africains qui voudraient faire comme vous? Moi je viens de loin, et tout est possible si on travaille dur. C’est depuis la Suisse que j’ai été recruté par ma nouvelle team H Kickboxing du coach Henry. Elle fait partie du top 3 mondial des meilleures équipes. Je ne dois pas décevoir. Je ne suis pas au bout de mes rêves mais je suis entrain de les accomplir. Il faut y croire et moi je crois en mes capacités.[/private]