Sylvie Makela : Co-fondatrice de Tribus Urbaines, le salon de coiffure pour cheveux bouclés
Cette jeune femme originaire de la République Démocratique du Congo, battante et dynamique, a réuni ses forces et ses talents dans divers domaines et en compagnie de son amie Carine, a mis sur pied un nouveau concept de traitement des cheveux afro dans ses salons de Lausanne et Genève. Elle a bien voulu partager avec nous ce brillant parcours.
Bonjour Sylvie et bienvenue sur cette plateforme d’échange et de communication qu’est Afrique Opinion. Pouvez-vous nous parler de Tribus Urbaines?
Bonjour Merlin et bonjour aux lecteurs et lectrices du magazine Afrique Opinion. Effectivement je suis co-fondatrice de Tribus Urbaines, Tribus urbaines ce sont des salons de coiffures qui sont spécialisés dans le soin et la coupe des cheveux bouclés, frisés, afro mais traités au naturel ; cela veut dire que nous ne faisons pas de défrisage, pas de tissage, pas de lissage chimique ni de lissage brésilien. On n’utilise pas de mèches extensions, ni de faux cheveux. Il s’agit de sublimer la chevelure de nos clientes et clients sans dénaturer leurs cheveux. C’est essentiel et c’est pour cela que Carine Foretia et moi avions créé Tribus Urbaines. On avait besoin d’un espace pouvant accueillir et coiffer des hommes et des femmes qui souhaitaient porter leurs cheveux bouclés, crépus, afro au naturel.
Parlons un peu de votre parcours, vous avez étudié Sciences politiques à l´Université de Lausanne, vous êtes par ailleurs passé par les CFF (Chemins de Fer Fédéraux suisses) où vous avez fait dans la communication, et maintenant vous êtes à la tête d´une chaine de salons de coiffures. Comment expliquez-vous cela ?
Oui effectivement j’avais toujours travaillé en tant qu’employée avant de co-créer Tribus Urbaines, il y a 5 ans. Pendant 3 ans, je menais deux activités en parallèle, je travaillais à temps partiel en tant qu’employée, d’ailleurs mon dernier employeur était les CFF et je co-gérais Tribus Urbaines. Depuis deux ans, je me consacre entièrement à Tribus Urbaines. Si je ne me suis pas lancée avant, c’est parce que j’avais besoin d’une sécurité financière. Par la suite quand on a vu que le concept fonctionnait, son succès, on a donc décidé de se consacrer pleinement à cette activité.
Je suppose que la transition n´a pas été facile car c´était un domaine totalement différent de celui où vous aviez été formée…
Effectivement, c’était un challenge car ni Carine, ni moi n’étions coiffeuses de profession et beaucoup de personnes nous ont dit qu´il fallait absolument qu’on ait des compétences métiers pour avoir plus d’assurance avant de lancer le business. On s’est donc associées avec une personne qui était coiffeuse mais qui nous a très vite quitté pour créer son propre salon. Elle ne comprenait pas la valeur ajoutée qu’on pouvait lui apporter. Elle nous a donc quittées, emmenant avec elle nos clients et le lieu où se situait le salon. On s’est rendu compte qu’on était mal équipées juridiquement. C’est le premier apprentissage qu’on a fait : celui de prendre le temps pour construire juridiquement la structure de l’entreprise, et s’assurer de la protéger même de ses propres actionnaires, si nécessaire. Le deuxième apprentissage était notre capacité à rebondir. Cette trahison qui nous avait dévastées à l’époque était en fait une bénédiction car elle nous a obligées à être créatives. Nous nous sommes professionnalisées de manière accélérée en allant chercher des fonds et en formant des coiffeuses. On a créé une SARL (Société À Responsabilité Limitée, NDLR), on a posé des processus, on a refait les statuts, on a diversifié nos produits et services, on a renforcé notre présence en ligne et créé un concept store. Il faut préciser que nos salons de coiffures ne se positionnent pas comme des salons afros mais comme des salons spécialisés dans le soin et la coupe des cheveux texturés, quels qu’ils soient (afro, frisés ou simplement bouclés).
Quel est votre vision d’ici trois à cinq ans ?
Multiplier l’ouverture des salons de coiffures ; on aimerait ouvrir l’année prochaine deux salons en Suisse alémanique. Un salon à Bienne au printemps 2022 et à l’automne, un salon à Zürich. Il ne faut pas oublier que Zürich est la plus grande ville de Suisse et qu’il y a là un gros marché à prendre. Finalement, un autre objectif est de créer notre propre marque de produits.
Merci Sylvie de votre passage sur cette plateforme d’échange et beaucoup de succès dans vos entreprises.
Merci.
Propos recueillis par Merlin Tchouanga