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Education

La méthode Mwenze ou comment les parents Africains éduquent leurs enfants nés et vivant en Europe

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Les pratiques éducatives des migrants Africains sont-elles en porte- à- faux  de nos jours dans la société occidentale ? Devrait-on continuer à élever nos enfants nés ici de manière traditionnelle ? Pour tenter d’en savoir davantage, la famille Mwenze (Nicole et Camille), originaire de la République Démocratique du Congo et résidant  à Bex dans le Canton de Vaud en Suisse, a bien voulu  nous entretenir sur la question et nous livrer leur opinion.

Madame, Monsieur bonjour, nos enfants nés ici sont confrontés entre deux modèles éducatifs avec parfois les dérives que l’on connait. Vous en tant que parents Africains, privilégiez- vous l’éducation à l’Africaine avec vos enfants ?

Camille: J’applique les deux systèmes à savoir Africain et Européen. Mes enfants sont encore gamins et je ne sais pas s’ils changeraient une fois grandis mais je pense qu’ils ne changeraient pas car je leur donnerai l’instruction Africaine avant tout et Européenne par la suite.

Nicole: En ce qui me concerne, il me parait nécessaire et important d’adopter  une approche de douceur en termes de communication avec nos enfants nés ici, c’est mon opinion. Il y a des Africains qui n’arrivent pas à faire la part des choses oubliant parfois que nous ne pouvons appliquer ou reproduire nos éducations reçues en Afrique à nos enfants nés ici. En tant que mère au foyer, je crois que nous avons l’obligation et le devoir d’expliquer aux enfants nos valeurs africaines, culturelles et la manière avec laquelle nos parents nous ont éduqués. Il y a une liberté de parole absolue ici entre parents Européens  et  leurs enfants  et la manière avec laquelle ils éduquent leurs enfants. Ce sont deux mondes différents culturellement parlant. La cohabitation est réelle, ils sont dans les mêmes écoles et partagent beaucoup de choses ensemble. Nos enfants d’une manière ou d’une autre, ne se comporteront pas comme les enfants en Afrique, alors il nous appartient de mettre la balle à terre et négocier avec eux au lieu de vouloir  absolument leur imposer les mêmes schémas que nous avions reçus de nos parents en Afrique. Si l’enfant n’est pas d’accord sur un sujet, il n’hésite pas à te le dire à sa façon  mais pas pour autant lui rétorquer avec  violence verbale qu’en Afrique un enfant ne peut pas dire ceci, cela, faire ci ou ça vis-à-vis de ses parents. Si nous adoptons cette posture radicale, les enfants ne vont rien comprendre et ce serait l’incompréhension à la maison. Il faut dialoguer avec eux en expliquant les choses calmement.

Cette posture radicale que  l’on peut quelques fois observer auprès  d’une bonne partie de nos sœurs et frères ne favoriserait-elle  pas la rupture familiale quand on sait que nos enfants nés ici ne mettraient pas de gants pour dire certaines choses que les parents qualifieraient d’inacceptables et ajouteraient même que cela ne se passerait pas de la sorte si c’était en Afrique ?

Camille: Je ne peux aller au-delà car mes enfants ne sont pas encore grands, mais je vois comment cela se passe dans certaines familles. Les enfants sont devenus brigands, arrogants et voyous.

Nicole: Je ne suis pas d’avis du fait que  des parents disent que si c’était en Afrique, les enfants n’auraient pas des attitudes inciviles à leurs égards. Il est vrai que nous devons leur inculquer nos cultures mais tout en ayant raison gardée, évidemment ces enfants ne connaissent rien de l’Afrique. Le mieux c’est de privilégier le dialogue même s’il arrive que les enfants nous parlent d’une certaine manière que nous pourrions qualifier d’irrespectueux, eu égard de l’éducation que nous avions reçue de nos parents en Afrique. Nous ne devrions pas oublier que nos enfants aient reçu parallèlement  l’éducation européenne à l’école. Ce qui est tout le contraire de ce que nous avions connu en Afrique avec nos parents. Il ne faut pas se voiler la face, c’est une dictature dans laquelle nos parents nous avaient élevés, parfois sans dialogue, ni conversation entre enfants et parents. L’enfant doit tout accepter sans dire non je ne suis pas d’accord, l’absence d’affection, avec des papas polygames, c’est parfois compliqué qu’ils portent vraiment attention aux enfants. La dictature de nos dirigeants Africains n’est que le reflet de nos systèmes éducatifs en Afrique. Avec les parents dictateurs, ne nous étonnons pas d’avoir des Présidents pareils. Un exemple tout simple, à l’époque ou dans un passé récent en Afrique dans la plupart des cas, ce sont les parents qui décidaient  des cadeaux à donner aux enfants soit en fin d’année ou dans d’autres occasions sans que ces derniers n´aient le choix. Mais ici ce n’est pas pareil. L’enfant a le droit de te dire qu’il n’en veut pas sans qu’il ait peur, c’est cela la différence. Nous devrions favoriser le dialogue avec nos enfants, cela ne signifie pas les laisser aller mais rester ferme au besoin.

Madame, Monsieur, nous voici au terme de cet entretien pour un sujet à la fois complexe et passionnant. Nous aurons l’occasion d’y revenir sur d’autres paramètres de cette thématique. Merci et à très bientôt sur Afrique opinion.

Propos recueillis par  Sourou Adada Hazoume

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