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Culture

La réparation de vos téléphones portables en lieu sûr avec Damien Oué

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« Je savais que la téléphonie évoluerait rapidement »

Damien Oué, 37 ans, est marié à une Valaisanne. Cet ingénieur en électronique est un pionnier dans son domaine. Il a ouvert le premier magasin de réparation de téléphones portables en Valais en 2014. D’Abidjan à Genève, portrait.

Damien Oué, quel a été votre parcours?

Après l’école primaire, j’ai suivi le lycée moderne dans les branches scientifiques. Mon bac en poche, j’ai choisi un métier, l’électronique, qui me permettait de bénéficier d’une bourse pour étudier à l’étranger. Je pensais d’abord me former en Inde. Puis, je me suis inscrit dans une école professionnelle, le Centre d’électronique et d’informatique appliquée à Abidjan. C’était une très bonne école. J’ai suivi trois ans d’étude en électronique. J’y ai appris la fabrication et la programmation des composants et de circuits imprimés.

C’est là que vous êtes entré en contact avec le monde de la téléphonie?

Je faisais mon stage à la garde républicaine à Treichville à cette  l’époque. La guerre est arrivée en septembre 2002 en Côte d’Ivoire. J’y ai travaillé jusqu’en 2008 dans la maintenance des systèmes de transmission (les autocommutateurs et la téléphonie fixe). Comme je m’occupais déjà des appareils électroniques et téléphoniques, je suis resté dans ce domaine.

Avez-vous connu votre épouse en Côte d’Ivoire?

Ma future épouse était venue en vacances en Côte d’Ivoire en 1996. C’est à cette époque que nous nous sommes connus. Nous étions tous deux aux études. Quelques années plus tard, elle est revenue et nous nous sommes mariés à Abidjan. Elle a vécu de 2006 à 2008 en Côte d’Ivoire. Elle avait trouvé un travail dans le domaine de la santé.

Le contexte de la guerre vous a-t-il poussé à rentrer en Suisse?

La décision a été prise en accord avec ma femme. Elle n’était pas satisfaite du système de santé. Pour fonder une famille, il était mieux que l’on rentre en Suisse. Elle est venue d’abord en 2008 puis je l’ai suivie.

Quelle image aviez-vous de la Suisse avant de venir?

J’avais l’image d’un petit pays. La Côte d’Ivoire était souvent considérée comme la Suisse de l’Afrique mais cela ne ressemblait pas vraiment quand j’y suis arrivé. Pas du tout. C’était surtout au niveau économique que l’on comparait la Côte d’Ivoire à la Suisse à l’époque.

Quelle a été votre première impression en sortant de l’avion à votre arrivée en Suisse?

Toute le monde était blanc, déjà. C’était au mois d’août, il faisait encore beau. L’hiver est venu et c’est devenu plus compliqué. En Côte d’Ivoire, nous avons de petites collines mais pas de neige.

Comment s’est passée votre intégration en Valais?

J’ai fait beaucoup d’efforts pour m’adapter. En Valais, il est très difficile de s’intégrer quand on est noir. On te voit toujours en tant qu’Africain. Dans le travail, tu dois produire deux fois plus qu’un Suisse. C’est facile de perdre son travail si tu es africain. Mais je n’ai jamais subi de violence. Ma première idée pour m’intégrer, était de découvrir comment les Valaisans travaillent. Je suis allé dans les vignes, sur les barrages, pour voir ce que les habitants de ce canton ont accompli. J’ai accompagné ma famille. C’était par curiosité et esprit de découverte, en tant qu’observateur.

Etait-ce facile de trouver un travail en Suisse?

Mon idée était d’abord de reprendre des études. J’ai constitué un dossier, je suis allé visiter des écoles. Je ne savais pas qu’en Suisse, pour exercer un métier, il fallait d’abord avoir un patron. Je suis allé dans un centre professionnel qui m’a conseillé de me former dans un autre domaine. A partir de là, j’ai travaillé dans le bâtiment, le sanitaire, des métiers que je découvrais mais que j’ai appréciés. Finalement, je n’ai pas eu besoin de reprendre une formation car j’ai pu obtenir la reconnaissance de mes diplômes obtenus en Côte d’Ivoire. Comme j’avais de bonnes notes et que mon école était d’un bon niveau, la Suisse a reconnu ma formation. En 2014, j’ai décidé d’ouvrir mon propre magasin de réparation de téléphones portables.

Comment est née l’idée de la réparation de téléphones portables?

Lorsque je suis arrivé en Suisse en 2008,  en tant qu’électronicien, je savais que les téléphones portables pouvaient se réparer. Je le faisais déjà dans mon pays. A l’époque, en Suisse, personne n’avait l’idée de réparer des téléphones portables. Ils ne coûtaient rien, on les donnait avec un abonnement. J’étais même passé dans chaque magasin pour proposer un service de réparation de téléphones portables. On m’avait ri au nez. Je savais que le monde de la téléphonie évoluait rapidement et j’avais pressenti cette évolution. Il y avait de la demande et je me suis lancé dans cette activité. A l’époque, j’étais l’un des seuls à réparer des téléphones.

Vous étiez même le premier en Valais?

J’ai ouvert mon magasin en 2014, vers la fin de l’année. J’étais le premier en Valais. Mon idée était de dire que tout peut se réparer. Je trouvais qu’il n’était pas écologique de tout jeter. Tout de suite, les clients ont apprécié. Le monde de la téléphonie a changé aussi. Et mon magasin fonctionne bien aujourd’hui, je suis très content d’avoir suivi mon intuition.

Propos recueillis par Grégoire Praz pour Afrique Opinion

 

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