Arrivé en Suisse il y a cinq années, cet amoureux du ballon rond trace son petit bout de chemin dans les montagnes du Valais romand. C´est un après-midi d´automne lors de son passage dans la ville de Martigny en partance pour un entraînement que votre magazine est allé lui tendre son micro pour savoir un peu plus sur celui qui est à la tête de l´encadrement technique du FC Vérossaz aujourd’hui.
Bonjour Olivier et bienvenue sur cette plateforme d´échange et de communication qu´est Afrique Opinion. Pouvez-vous nous parler de vous s´il vous plaît ?
Je suis Olivier Obam Assam, je suis Français d´origine camerounaise, j´ai grandi en France, je vis en Suisse depuis 5 ans. Je suis papa de 3 enfants. Je suis entraîneur du FC Vérossaz depuis maintenant 2 mois (interview réalisée en septembre 2019, ndlr), un nouveau club que nous venons de monter pour maintenir une équipe dans le village en ce qui concerne le football. Le club devait normalement cesser ses activités et je me suis proposé de le relancer.
Vous êtes entraineur du FC Vérossaz qui est une équipe d´un tout petit village du Valais. Comment vivez-vous cela ?
On ne se lève pas un matin et on dit je vais entraîner le FC Vérossaz surtout quand on aime le football. C´est à travers l´intégration, les connaissances, les contacts. J´avais été amené là-bas pour faire un tournoi populaire avec des amis, je suis arrivé là-bas et je suis tombé amoureux du coin, du paysage, de l´originalité de l´endroit. Ensuite je suis reparti là avec ces amis car le club était en déclin pour pouvoir les aider à finir la saison. J´ai fini la saison et le club devait fermer. Sachant que le club devait fermer, j´ai trouvé ça dommage vu l´emplacement, le paysage, le contexte, le côté ambiance du village, la convivialité entre les gens, je trouvais que c´était quelque chose d´important qu´il fallait maintenir.
Parlant des joueurs du FC Vérossaz, il n´y a que des Véroffiards ou bien viennent-ils de partout ?
Justement on en revient encore à l´intégration. On se retrouve avec un club qui est multiculturel. La première personne qui m´a soutenu pour pouvoir constituer un groupe et impulser une énergie dans celui-ci, c´est Basile Jacquemoud qui est un enfant du village. Un très bon gardien qui pourrait largement jouer en deuxième division ; d´ailleurs il a eu des contacts avec le FC Monthey pendant une période, c´est un amoureux de son village. Le fait qu´il y ait eu quelqu´un qui ait eu une idée de pouvoir relancer l´équipe de son village lui tenait vraiment à cœur et il m´a dit si tu fais quelque chose je te soutiendrai et je resterai à tes côtés. À côté de Basile, j´ai deux autres jeunes du village, ensuite il y a des jeunes originaires des Balkans, de l´Italie, de l´Afrique (Cameroun, Côte-d´Ivoire, Congo RDC). Vous me demanderez bien sûr ce que ces jeunes font accrochés là-bas à la montagne, je vous dirai que c´est comme une attraction, j´essaye de créer une bonne ambiance, une espèce d´osmose si bien que tout le monde se sente comme chez lui. Une ambiance avec du bon football si bien qu´on n´ait pas la peur d´être entre nous.
Revenons au FC Vérossaz que vous venez de reprendre. Avez-vous des ambitions ?
Le reprends le club avec un premier objectif de créer une ambiance dans laquelle tout le monde se sentira bien et parallèlement à ceci de faire monter l´équipe à une ou deux divisions car j´ai un effectif qui me le permettrait. Une autre ambition était de faire une surprise car tout le monde savait que le club devait fermer ses portes.
Disons que pour un début c´était de stabiliser le club et de maintenir cette belle harmonie entre les différentes cultures afin de créer une surprise…
Voilà, tout à fait. Créer une surprise d´un mixage culturel, d´une volonté de jouer au ballon en étant dans une ambiance conviviale.
C´est un bon exemple d´intégration et c´est aussi l´un des objectifs que Afrique Opinion poursuit
Oui c´est ce que j´apprécie aussi dans votre journal car nous sommes dans la même démarche de l´intégration, de mélange de cultures, de vivre ensemble. En ma connaissance je pense qu´il n´y a pas d´Africain qui vive dans la ville de Vérossaz, pour eux c´est un grand changement, une découverte dans le sens où on est des êtres humains, on a toujours peur de l´inconnu mais le fait de découvrir son prochain à travers le sport c´m est quelque chose de très important. C´est une autre façon de s´intégrer aussi.
Vous avez eu vos diplômes d´entraineur en France et vous entraînez en Suisse. Ces diplômes ont-ils été facilement reconnus en Suisse ?
Ça c´est quelque chose au niveau des amateurs que je pense qui n´est pas encore tout à fait au point. J´espère que dans l´avenir les instances travailleront plus là-dessus. En France il y a un diplôme pour les écoles de football après, il y a le niveau 1, 2 et 3. Moi j´ai le diplôme du niveau 3 français. Ces 3 niveaux ne sont pas réellement connus ici et pour les faire valoriser je devrais recommencer tout à zéro. C´est un aspect qui est très dommageable et ce sont là des difficultés à ce niveau.
J´ose croire que sport en général et le football en particulier est un de vos hobbies. Avez-vous d´autres choses que vous aimez bien faire à part le sport ?
Oh là là !! Moi je suis sportif de nature mais depuis que je suis arrivé en Suisse, je me suis calmé parce qu’aussi bien le parapente, la moto et tout ce qui tourne autour, et puis quand on est papa de jeunes enfants, on se calme, on se contente d´avoir les pieds sur terre et le football est une telle ouverture sur la société. J´exploite cette capacité d´intégration tout en me faisant plaisir parce que je suis un amoureux du ballon rond.
Auriez-vous quelque chose d´autre á partager sur cette plateforme ou bien aux lecteurs et lectrices d´Afrique Opinion ?
À ce nouveau magazine comme on est dans la même démarche, je souhaite d´avancer dans l´intégration, de vivre la Suisse telle qu´elle est. Nous aimerions avoir un maximum de personnes qui avancent avec Afrique Opinion et qui se disent aussi, tiens ils sont aussi dans la même démarche que nous.
Propos recueillis par Merlin Tchouanga