C’est en cette période d’incertitude sur notre avenir commun lié au Coronavirus que nous sommes allés à la rencontre de Claude Isofa NKANGA BOKEMBYA, ce docteur en « médecine, chirurgie et accouchements » de l’Université de Kinshasa originaire de la République Démocratique du Congo (RDC), qui a fait ses preuves autant dans son pays natal qu’en Amérique du Nord et en Suisse.[/ihc-hide-content] Il travaille au sein de la Fondation PROFA depuis dix ans en qualité de Chargé d’action et Responsable du Programme Migration & Intimité du Centre de compétences prévention VIH-IST basé à Lausanne.
Il naît et fait ses études maternelle, primaire et secondaire au Zaïre (devenu RDC) et en sort comme médecin-généraliste et il y travaille plus d’une décennie tout en élargissant voire diversifiant sa palette de formation postgraduée en « sciences humaines et sociales, avec comme orientation éthique sociale » et « santé communautaire » avant de s’envoler définitivement vers les terres lointaines d’une part par libre-choix aux Etats-Unis et au Canada et, d’autre part, au final à la poursuite de l’expérientiel et de l’amour en Europe Occidentale (Suisse) où il parvint à parachever sa croisière académique à succès en « action communautaire et promotion de la santé » et en « santé publique ». En Ontario au Canada, il a fait ses armes dans le domaine de la migration et santé au Great Toronto Area, seconde grande métropole d’Amérique du Nord après New-York City. D’un côté, comme membre de « Toronto City Council HIV Review Panel » et intervenant en santé communautaire au sein du Centre Francophone de Toronto dans un secteur médico-social et communautaire où il s’occupait de la coordination des projets de prévention VIH/Sida auprès des « minorités visibles francophones » dans le cadre du programme d’action communautaire de Santé-Canada (PACS). D’autre part, en tant que membre du comité du réseau des services de toxicomanie et de santé mentale en français de Toronto et Consultant au Centre de Toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de l’Université de Toronto, où il y était impliqué dans plusieurs projets, notamment la co-coordination du projet de recherche sur l’adaptation de la thérapie cognitive et comportementale pour les communautés multiculturelles et linguistiques (hispanophones, afro-caraïbes anglophones et francophones) vivant en Ontario. Fortement enrichi de ce gros bagage intellectuel et de cette grosse expérience en clinique, counseling, accompagnement et gestion de projets, il décide de venir s’installer en Suisse avec sa famille.
Fondation PROFA et Claude
La Fondation PROFA reconnue d’utilité publique, est l’organe mandaté par le canton de Vaud sur tout ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive. Elle comprend plusieurs services dont chacun représente une thématique sur laquelle la fondation est mandatée. Il s’agit de :
- Consultation santé sexuelle et planning familial, qui s’occupe de l’aspect clinique lié à la santé sexuelle et reproductive.
- Éducation sexuelle qui s’occupe de la problématique de la santé sexuelle auprès de l’enseignement obligatoire, post-obligatoire et professionnelle.
- Consultation de couple et sexologie avec des sexologues, thérapeutes, psychologues qui œuvrent à aider les couples qui ont des problèmes dans leur relation.
- Conseil en périnatalité pour tout ce qui concerne des projets de naissance, de maternité avec des sages-femmes conseillères et assistantes sociales disponibles pour des conseils et accompagnements.
- Centre LAVI (loi d’aide aux victimes d’infractions) avec les intervenant-e-s LAVI pour assister et accompagner les victimes de violence et/ou tous autres types d’infractions selon la loi.
- Centre de compétences prévention VIH/IST, qui concerne la prévention des maladies sexuellement transmissibles et la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Il comprend trois programmes : Centre de santé communautaire pour LGBTIQ (Checkpoint Vaud), Georgette In Love (GIL) et Migration & Intimité. C’est au sein de ce centre de compétences que ce père de sept enfants est Responsable du Programme Migration & Intimité.
Quand on lui pose la question de savoir s’il est vraiment facile pour les migrants de s’ouvrir à lui et de parler de leur intimité, de leur relation en couple, il nous dit : « La problématique liée à la santé sexuelle est très complexe pour les migrants et bien sûr comme pour tout le monde. La démarche appliquée au sein de notre centre est une approche essentiellement basée sur la confiance ; une démarche communautaire où on va vers les personnes pour faire avec ; on essaye d’établir une confiance avec ces personnes-là. Ensuite, on essaye d’identifier le besoin ou le problème s’il y en a. Enfin, nous essayons de créer des ponts entre ces personnes concernées et les réseaux socio-professionnels et éducatifs au sein de notre canton selon qu’il s’agisse d’un problème social, professionnel ou éducatif ». Travailler dans un tel environnement où on est permanent en contact avec des personnes peut parfois à la fois nécessiter beaucoup d’énergie et engendrer autant d’incompréhensions… Ce qui fait partie de la nature humaine ! Homme de communauté, marié, la cinquantaine entamée, très engagé dans des activités associatives, dans le monde scientifique et académique, président de l’association Suisse Drépano, passe aussi son temps à jouer au basket, aime les voyages, le cinéma et la lecture.
Ce qu’il pense du magazine Afrique Opinion et quelques conseils à ses lectrices et lecteurs
Rester soi-même et s’adapter dans le contexte et l’environnement dans lequel on vit.
Content de connaitre davantage Afrique Opinion qui est un bon outil de communication. Il est impératif que nous ayons suffisamment des outils comme cela pour pouvoir partager et échanger sur nos expériences et parcours de vie. Aussi, ceci ne devrait-il pas être une ouverture ou opportunité pour les Suisses et autres non-Africains de comprendre la société africaine et le mode de vie des personnes migrantes d’origine africaine. Ce rôle que joue le magazine Afrique Opinion comme canal de jonction des populations pour un meilleur vivre ensemble est quelque chose d’excellent et il faut poursuivre cette œuvre ô combien honorable ! Ce serait mieux pour le magazine d’élargir ses canaux d’accès et son nombre de correspondants. Je félicite l’équipe du magazine Afrique Opinion et je les exhorte à aller de l’avant en multipliant des contacts (exemple avec Diaspora TV) comme par exemple, en leur fournissant des informations en langue française.
Merlin Tchouanga